L'archipel des Açores fait partie de la Macaronésie, un ensemble regroupant 5 archipels : les Canaries, Madère, le Cap-Vert, les Selvagens (îles situées entre les Canaries et Madère) et les Açores. En grec, Macaronésie signifiait "les îles fortunées". Ce terme, utilisé par les anciens géographes grecs, désignait des îles situées à l'ouest du détroit de Gibraltar.
La Macaronésie est née d'un mouvement volcanique dit point chaud ou "Hot Spot". Les îles des Açores sont apparues après les îles Canaries et Madères, vers le tertiaire moyen, sauf l'île de Santa Maria sur laquelle ont été découvertes des couches sédimentaires qui accréditent sa formation plus tardive pendant le miocène.
Toutes les îles des Açores ont émergées d'un haut plateau sous-marin avec une profondeur moyenne de 1.500 à 2.000 mètres. Il s'agit d'une zone d'intense activité sismique et volcanique, faisant partie de la cordillère centrale de l'Atlantique. Dans cette zone trois plaques tectoniques se réunissent : la plaque euro-asiatique, la plaque américaine (du nord) et la plaque africaine.
Les navigateurs portugais n’auraient pas été les premiers à débarquer sur ces îles perdues au milieu de l’Atlantique. Ces dernières années, les découvertes archéologiques se multiplient aux Açores, laissant penser qu’il y aurait probablement eu une présence humaine dans l’archipel bien avant sa découverte officielle et son occupation permanente par les portugais et d'autres nationalités par la suite.
Les Açores sont nées d'une activité volcanique millénaire.
En effet les Açores auraient été visitées dans l'Antiquité par les Carthaginois. Témoins leurs monnaies qui ont été trouvées en 2010 sur Corvo, cette île de l’extrême ouest de l’archipel. De plus, on estime déjà à une centaine de sépultures creusées dans la roche (hypogées), construites il y aurait plus de deux mille ans, découvertes et disséminés sur tout le territoire de Corvo. Mais aussi sur l’île de Terceira, sur l’imposant Monte Brasil qui domine la baie d’Angra do Heroísmo où, des structures creusées dans la roche, ont aussi été retrouvées. De même, à 4 kilomètres de cette cité, sur la commune d’Espigão, des édifices en pierre, sans doute mégalithiques, émergent d’une formidable jungle.
Cependant tous les archéologues ne s’accordent pas pour définitivement attester de cette présence humaine. En effet, à ce jour aucune étude approfondie des vestiges trouvés, depuis 2010 et 2011, n'a encore été effectuée. Toutefois, ce qui est évident, c’est qu’il n’y avait pas de vie durablement installée avant l'arrivée des portugais. Probablement que dans l'antiquité les Açores n'était qu'un lieu de passage.
L'histoire officialise donc la découverte des Açores par les portugais. En tout premier lieu, avec l'île de Santa Maria qui fut prétendument la première accostée par Diogo de Silves en 1427. Cependant, d’autres défendent l'hypothèse qu’il s’agirait de Gonçalo Velho Cabral, en 1431. C’est néanmoins la première île de l'archipel à avoir été peuplée par les portugais, probablement à partir de 1432.
L’origine même du nom "Açores" suscite également diverses controverses. Aujourd'hui, celle retenue associe ce nom aux nombreux milans existant sur l’archipel. Mais à la suite d’une confusion avec un autre oiseau rapace, l’autour des palombes (en portugais : açor), ce nom "Açores" fut donné aux îles. Cette oiseau est aussi devenue l'emblème du drapeau açoréen.
Visible par temps clair, São Miguel à probablement été découverte entre 1432 et 1439, la deuxième après l'île de Santa Maria. Son peuplement fut entrepris très exactement le 29 septembre 1444, fête de Saint Michel Archange alors patron du Portugal. Le Régent du Royaume de l'époque attribua donc son nom à l'île. Les premiers colons débarquèrent à l'extrême sud-est et fondèrent le premier village. Celui-ci fut plus tard appelé Povoação Velha (Vieux Peuplement) où l'on érigea la première église, dédiée à Sainte Barbe.
Ultérieurement, parcourant la côte vers l'ouest, ils trouvèrent une plaine au bord de la mer, qui semblait mieux leur convenir où ils décidèrent de s'installer. Ce village prit le nom « do Campo » et se vit bientôt attribuer le statut de "ville franche". Plus tard, elle finit par être appelée Vila Franca do Campo et être la capitale de l'île jusqu'en 1522.
Pour peupler ces nouvelles terres, aux plus grandes dimensions et aux caractéristiques géologiques plus propices qu'à Santa Maria, il fut nécessaire d'attirer de nouveaux colons. Pour mieux en promouvoir le peuplement, il fut décidé dans une charte royale que les habitants de cette île étaient exemptés de la dîme sur tous les produits en provenant.
De nouveaux colons arrivèrent donc, issus principalement d'Estrémadure, du Haut Alentejo, de l'Algarve et de Madère. Par la suite, quelques étrangers vinrent s'installer, notamment des Français, ainsi que des minorités culturelles telles que des Juifs et des Maures.
La situation géographique São Miguel et la fertilité de ses sols permirent un développement économique rapide, basé sur le secteur primaire. Celui-ci était surtout orienté sur l'approvisionnement des garnisons militaires portugaises en Afrique du Nord, et sur la production de sucre et d'orseille (sorte de lichen), un colorant exporté en Flandre.
Il semblerait ensuite que Terceira ait été la troisième îles découverte au début de la décennie des années 1440. C'est seulement en 1450, qu'un gentilhomme flamand, Jabob Van Brugge, travaillant pour Henri le Navigateur, reçoit la mission et l'autorisation d’installer des familles flamandes sur l’île.
C'est sans doute lors de cette même période du début des années 1440 que les bateaux portugais accostèrent sur les îles de Graciosa, São Jorge et Pico. Cependant elles ne furent peuplées qu'à partir de 1460 lorsque des populations issues du nord du Portugal vinrent s'y établir. Quant à l'île de Faial, Les premiers colons officiels, d’origine flamande et portugaise, ont dû arriver vers 1465.
Finalement, pour compléter le tableau de la découverte de l'ensemble des îles de l'archipel, Flores et Corco l'ont été vers 1452. Dans les siècles qui suivirent, des familles flamandes, mais également françaises, vinrent s’établir sur l'ensemble des îles.
De 1580 à 1641, les Açores furent sous domination espagnole, comme d'ailleurs le reste du Portugal. Elles servirent de relais lors du retour des navires en provenance de l’Amérique et des Antilles, alors que l’escale était auparavant à Madère.
En 1583, Philippe II d'Espagne (Philippe Ier du Portugal) envoya la flotte hispano-portugaise chasser les marchands français installés aux Açores, en pendant les prisonniers aux vergues des bateaux, contribuant à la création d’une légende noire. Les îles ne redevinrent portugaises qu'après la guerre de restauration du Portugal (1640-1668).
A partir de 1685, après la révocation de l'édit de Nantes en France, une centaine de Huguenots Français vint s'installer aux Açores.
Depuis le XVe siècle, les îles étaient soumises à la domination des capitaines donataires. En 1766, elles virent leur système de gouvernance remplacées par la Capitainerie Générale des Açores. Dès lors, l'ensemble des îles furent dirigées par un capitaine général aux vastes pouvoirs, comparable à celui d'un vice-roi.
Ce gouvernement, basé dans la ville d'Angra do Heroísmo, couvrait les neuf îles, avec son propre régiment. Outre de ses pouvoirs politiques et administratifs, il disposait de pouvoirs judiciaires, fiscaux et militaires et d'une main mise complète sur les communes, incluant le contrôle de la vie économique. Ce système de gouvernance perdurera jusqu'en 1832, année de l'abolition du statut de Capitainerie générale des Açores.
C'est durant cette période, au début de l'année 1771, que l'archipel pris l'appellation de province, rejoignant ainsi, les îles de Madère et, pendant de courtes périodes, celle du Cap-Vert. Cette ensemble d'îles était nommées les "îles adjacentes" au Portugal.
Suite à de nombreuses divergences et même parfois des conflits armées, c'est donc en 1832 qu'est signée la cessation de la Capitainerie Générales des Açores et la création de la Province des Açores avec sa gouvernance basée à Angra do Heroísmo.
Compte tenu du refus persistant des élites de Ponta Delgada d'accepter cette subordination administrative, la division de cette gouvernance fut modifiée en 1833 et remplacée par deux provinces, d'une part la province orientale des Açores, dont le siège était à Ponta Delgada, et d'autre part la province occidentale des Açores, dont le siège était à Angra do Heroísmo. Ainsi, le processus de division des territoires était engagé, ce qui conduira par la suite à la création des districts des fameuses "îles adjacentes".
C'est en 1836, que l’archipel fut alors divisé en trois départements administratifs (ou districts), comparables (sauf en superficie) à ceux même du Portugal. La division était assez arbitraire et ne correspondait pas aux trois groupes naturels d’îles, mais plutôt à la position des capitales des départements (aucune d’elles ne se trouvait dans le groupe occidental) :
Par plusieurs expéditions entre 1826 et 1843, des équipes de géographes britanniques vinrent effectuer un relevé hydrographique des Açores. Ils dressèrent la première carte où les îles apparaissent dans leurs formes réelles et avec leurs positions relatives correctement implantées. En plus des hydrographes, d'autres scientifiques, dont Charles Darwin alors âgé de 22 ans, ont participé à ces expéditions. Elles ont permis de mieux comprendre la faune et la flore des Açores.
A partir du milieu du XIXe siècle, il y a eu une forte poussée d'innovation dans l'archipel, dans l'agriculture, l'industrie et le commerce. Ainsi, en 1843 à Ponta Delgada, la Société de promotion de l'agriculture des Açores a été fondée. Elle a commencé à publier le premier journal agricole portugais, "O Agricultor Micaelense".
Cette société a apporté des résultats très positifs à l'agriculture des Açores. Elle introduisit de nouvelles techniques et méthodes de travail, apportant ainsi une augmentation, une amélioration de la qualité et de la productivité. Mais elle a également promu l'introduction de nouvelles cultures telles que l'ananas, le thé, l'espadana (une variété de raisin) et le tabac en remplacement des cultures traditionnelles telles que la vigne et les oranges, ces dernières ayant été dévastées à cette période par des parasites ravageurs.
A cette époque, un fait important est à signaler qui facilita grandement les communications. C'est la fabrication et la pose d'un câble sous-marin de relais télégraphique. En provenance de la station de Cascais, ville proche de Lisbonne, le câble atteignait Ponta Delgada le 19 Août 1893 et fut mis en service le 27 Août de la même année.
Une grande page de l'histoire moderne des Açores est surtout marquée dès la fin du XIXe siècle par l'émigration qui connue plusieurs périodes. En effet, la pression démographique aux Açores et l'expansion économique du Brésil ont conduit au départ de nombreux açoréens vers ce pays d'Amérique du Sud. Mais ce mouvement humain n'était pas un phénomène nouveau. En effet depuis 1617, la colonisation de certains états autonomes du nord du Brésil avait commencé avec le départ de centaines de couples açoréens. Ils cherchaient à échapper à la faim et à la misère qui sévissait notamment sur les iles de Flores et Corvo.
Par la suite, l'intérêt c'est davantage porté à destination des Etats-Unis et du Canada notamment au moment de la crise économique de 1929 et de la seconde guerre mondiale. Le phénomène s'est poursuivi durant les décennies suivantes pour pratiquement se terminer en 1975, juste avant la création du statut de la Région Autonome des Açores.
Une activité était fortement liée à l'émigration vers les Etats-Unis. C'était la chasse à la baleine. La grande période de cette chasse fut incontestablement le XIXe siècle lorsque les habitants de la côte est-américaine entreprirent de s’attaquer aux cétacés. Par ailleurs, Il ne fait aucun doute, que dès la fin du XVIIIe siècle et même avant, les Açoréens connaissaient déjà cette activité, mais la pratiquaient à une très petite échelle.
Ce n’est cependant plus tard, au contact des baleinières est-américaines, que la chasse prit une réelle envergure aux Açores. La première société de chasse fut formée en 1857 à Faial qui, du reste, était le port de ravitaillement privilégié puisque seulement pour l’année 1866, 104 navires-baleiniers vinrent s’y réapprovisionner. Ces navires-baleiniers américains étaient de gros bateaux qui partaient parfois pour des campagnes de chasse de deux à trois ans. Lors de leurs différents passages aux Açores ils employèrent un grand nombre d'açoréens qui embarqueront pour ces longues campagnes. Une très grande partie d'entre eux émigra après aux Etats-Unis. Que ce soit par vocation mais le plus souvent par nécessité, l'émigration a toujours été un destin dans la vie des insulaires açoréens.
Aux Açores, ce n'est qu'en 1984 que la chasse à la baleine pris officiellement fin et le dernier cachalot fut tué en 1987. Aujourd'hui ce légendaire cri "Baleia a vista", signalant la position de l'animal, n'est plus lancé par les vigies qu'à des fins d'observation pour les scientifiques et le "wale watching" destiné aux touristes.
Les années 1890 débutent aux Portugal par une recrudescence du mécontentement face à l'inefficacité des politiques nationales de régénération et à la crise financière croissante. Celle-ci a progressivement conduit à la paralysie de l'investissement public. Dans ce contexte aux Açores, un ensemble de mesures perçues comme contraires aux intérêts de l'archipel est venu déclencher un grand mouvement social en faveur de l'autonomie, capitalisant sur un mécontentement latent profond.
Au vu des mesures annoncées, un mouvement d’opinion fut créé à Ponta Delgada et Angra do Heroísmo pour défendre les intérêts locaux contre le Gouvernement du Royaume. Le but était de créer des «commissions autonomistes» et de publier des journaux à des fins de propagande d'autonomie.
Ce n'est qu'après de multiples tentatives infructueuses, et avec de grandes limitations de droit, qu'en mars 1895 l'autonomie administrative fut accordée aux districts des Açores. Ainsi, l'autonomie administrative commença pour les districts de Ponta Delgada (en 1895) et Angra do Heroísmo (en 1898). Le district de Horta, confronté à la rareté de ses propres revenus et au manque d'élites locales capables de diriger le processus, n'a jamais eu besoin d'autonomie administrative.
Dans l'archipel, en termes politiques, les années 1920 sont marquées par le deuxième mouvement autonomiste, mais rien d'important n'a été changé politiquement jusqu'à la Constitution portugaise promulguée en 1976.
En 1943, dans le cadre des opérations alliées dans l'Atlantique pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 3000 militaires britanniques se sont installés à Terceira. La population, prise au dépourvu par l'arrivée des forces alliées, fut coopérative, obéissant aux ordres du gouverneur civil et du commandement militaire de l'île, qui dictaient l'obligation d'assister au débarquement. En quelques jours à peine, environ 20.000 tonnes de matériaux fut débarquées.
En janvier 1944, les premiers Américains débarquèrent également à Terceira, non pas en tant que militaires, mais prétendant être des techniciens spécialisés. Ils répondaient ainsi aux injonctions du gouvernement portugais qui limitait la seule présence militaire alliée aux Açores aux Britanniques. Les besoins logistiques nord-américains ont vite conduit les Etats-Unis à exiger l'autorisation de s'installer dans l'archipel. Ceci se produisit, là encore sous le déguisement initial d'une structure civile, avec le début de la construction d'un l'aéroport sur l'île de Santa Maria. L'accord d'autorisation fut signé en novembre 1944 après un processus de négociation difficile.
Après la guerre, la population locale a célébré la victoire des Alliés. Mais ce n'est qu'en octobre 1946 que les derniers bataillons de l'armée anglaise quittèrent l'île. Ce jour-là, une cérémonie fut organisée pour transférer le contrôle de la base à l'armée portugaise, avec la levée solennel du drapeau portugais sur les lieux. Le même jour, les forces américaines se sont installées dans la structure. Elles sont actuellement toujours présente. Il est cependant prévu que base soit fermée en 2021, ce qui ne sera pas sans conséquence économiques.
Avec la révolution dites "des Œillets" au Portugal, qui débuta le 25 avril 1974, une période de grande effervescence politique commence aux Açores. Les jours qui suivent l'événement ont vu la démission des organes gouvernementaux existants (gouvernements civils) et la fermeture du siège de la police politique (PIDE / DGS) et de la Légion portugaise. Ces actions ont été accompagnées à Ponta Delgada et Angra do Heroísmo par des manifestations et liesses populaires d'une certaine et incroyable dimension.
Très vite, dès le mois de mai 1974, les questions concernant le statut d'autonomie des îles ont rapidement gagné en priorité. Plusieurs propositions concrètes ont été présentées pour la réorganisation politique des Açores, allant pour certaines jusqu'à la demande d'une autonomie totale. Mais avec l'avancée de la gauche révolutionnaire, des signes clairs d'instabilité ont commencé à apparaître aux Açores. Certains des projets ne seront même pas discutés tellement les tensions étaient importantes.
De toute façon la situation s'est aggravée avec l'apparition d'évidentes manifestations séparatistes et l'émergence du Front de libération des Açores (FLA). Le 6 juin 1975, une gigantesque manifestation a eu lieu à Ponta Delgada, où sous prétexte de mécontentement face à la situation de la récolte insulaire, les manifestants ont fini par dériver vers des revendications indépendantistes en demandant la démission du gouverneur.
Face à ces événements et à la violence croissante (plusieurs bombardements ont explosé et un climat pré-insurrectionnel était évident), un nombre important de citoyens les plus influents de São Miguel furent arrêtés, augmentant encore la tension. Dans ce contexte, il n'était plus possible de continuer à discuter des projets d'autonomie.
Les 25 et 26 juin 1975, il a été proposé de créer un conseil d'administration des Açores, qui remplacerait les gouvernements civils et les conseils généraux. La proposition, bien que profondément modifiée, a donné lieu à un décret-loi le 22 août 1975, jetant les bases de l'existence d'organismes gouvernementaux uniques dans l'archipel. Le Conseil régional des Açores, est entré en fonction en septembre, composé de membres choisis parmi tous les différents courants politiques. Le décret fut adopté en février 1976, renforçant les pouvoirs du Conseil Régional et consolidant aussi le nouveau pouvoir régionale.
Entre-temps, l'économie s'effondrait presque et l'émigration vers les États-Unis et le Canada connaissait une énorme recrudescence. Entre septembre 1975 et fin mars 1976, dans un climat de grandes tensions, les débats pour le moins houleux lassent apparaitre qu'un aboutissement serait difficile. Plusieurs propositions finirent par déboucher sur un texte modifié qui approuva la naissance de la nouvelle Constitution de la République portugaise le 2 avril 1976. Celle-ci donne enfin, pour la première fois, le droit à l'autonomie politique aux Açores.
A cette issue, le nouveau parlement des Açores élu amorçait ainsi un cycle de pouvoir qui ne s'achèvera qu'en 1996. Le président de la République portugaise, le général Antonio Ramalho Eanes, est venu en personne promulgué, le 4 septembre 1976 à Horta, le statut d'autonomie de l'archipel des Açores.
Ce n'est finalement qu'à cette date que l'archipel des Açores est devenue une région autonome et les trois anciens districts (Angra, Horta, Ponta Delgada) furent dissous. Puis c'est en 1978 que fut mis en application le statut politico-administratif de la Région Autonome des Açores. Comme au Portugal, aujourd'hui le territoire de chaque île est divisé en plusieurs "Concelhos" (l'équivalent de nos communautés de communes) comptant chacun plusieurs villes, villages et bourgs.
A partir du 8 septembre 1976, avec l'inauguration du Gouvernement régional des Açores, un processus de transformation rapide et profond de la société açoréenne a commencé. Face à près d'un siècle et demi de division des districts, de rivalité inter-îles typiquement insulaire, Il se caractérisa simultanément par la création de l'unité açoréenne. Débuta alors la création des infrastructures minimales nécessaires au développement et notamment des structures portuaires. Concernant les aéroports internationaux, la seule porte d'entrée était celle de Santa Maria construite par les américains pendant la seconde guerre mondiale. Les autres aéroports n'étaient adaptés qu'au trafic de petits avions ne pouvant effectuer que des liaisons inter-îles.
L'ensemble des infrastructures était dans un état déplorable et très peu développée. A tel exemple, le réseau routier était calamiteux, avec de longues sections à revêtir et en très mauvais état. Le réseau électrique ne couvrait pas les zones rurales les plus éloignées, et certaines îles, en particulier São Jorge et Pico. Plus de la moitié de sa population était sans distribution d'électricité à partir du réseau public. Ces populations avaient recours à des générateurs communautaires. On peut dire la même chose de la distribution d'eau à domicile, qui ne couvrait que les principales zones urbaines. Le reste des habitants utilisait les fontaines et des citernes privées.
En ce qui concerne l'éducation, seul le réseau de base des écoles primaires (jusqu'à la 4e année de scolarité) était complet. Sur les neuf îles, seules trois (São Miguel, Terceira et Faial) avaient un enseignement post-primaire public. Dans les îles restantes et dans les municipalités les plus éloignées de São Miguel, des internats privés répondaient aux quelques élèves dont les familles pouvaient financièrement offrir des études à leur enfants au-delà de la 4e année.
En matière de santé, seule Angra do Heroísmo disposait d'un hôpital raisonnablement bien équipé (construit par le Conseil général). Le système de santé des autres îles était livré aux Misericórdias, fonctionnant d'une façon des plus précaires.
Les recettes fiscales étant faibles, l'effort financier nécessaire a été en partie couvert par les revenus générés par les homologues américains (et dans une bien moindre mesure, français) résultant de l'existence de bases militaires étrangères, et par un endettement direct.
Le 1er janvier 1980, un tremblement de terre majeur détruisit environ 15 500 maisons (soit environ 70% du total) sur les îles de Terceira, São Jorge et Graciosa, compliquant encore davantage l'effort d'investissement nécessaire. Cependant, après un processus de reconstruction exemplaire qui a duré plus d'une décennie, le résultat a été une amélioration générale du parc de logements dans les zones touchées, avec des maisons plus sûres, plus saines et une meilleure disposition des villages.
En 1980, la structuration de la Société d'électricité des Açores (EDA) a également été réaménagée. Cette reprise en main amorça la consolidation progressive des activités de la myriade de petites entreprises, des services municipaux et des réseaux communautaires existants. Cette initiative donna naissance à l'embryon de l'un des plus grands groupes d'entreprises des Açores.
En août 1980, le statut politico-administratif a enfin approuvé la proposition présentée par le Parlement des Açores. La disposition constitutionnelle de 1976 a finalement été remplie et l'autonomie constitutionnelle a été pleinement institutionnalisée. Même l'utilisation du drapeau des Açores donna lieu à une guerre des étendards. Une loi de mars 1987 approuva son droit à identifier et représenter l'archipel.
Le 12 juin 1985, le Portugal, en même temps que l'Espagne, signe son acte d'adhésion à la Communauté Economique Européenne, une option fondamentale pour un avenir de progrès et de modernité. Aux Açores, cette intégration n'a pas suscité la discussion attendue compte tenu de ses conséquences structurelles. Malgré le statut d'ultra-périphérie qui serait par la suite obtenu, avec une reconnaissance spécifique dans le traité de Maastricht et dans le projet de Constitution européenne, aucune dérogation spéciale n'a été demandée.
A partir de 1986, les fonds communautaires, de la Communauté économique européenne d'alors, ont remplacé les revenus de base. En effet ceux avancés par les Français de Flores étaient en déclin et devaient se terminer en 1993. De leur côté, les Américains ont cessé de payer leurs contreparties, considérant que l'état du développement ne le justifiait plus.
Après pratiquement deux décennies de croissance économique accélérée, des signes de crise ont commencé à apparaître en 1990. Les finances régionales montraient un déséquilibre progressif, le chômage augmentait rapidement et les dettes envers les entreprises ont conduit à un nombre croissant de faillites. Face aux signes grandissant d'épuisement du modèle gouvernemental, le président de la région autonome démissionne en octobre 1995, marquant ainsi la fin d'un cycle gouvernemental de près de 20 ans.
Aux législatures d'octobre 1996, le Parti socialiste remporte clairement les élections. La formation du septième Gouvernement Régional fut essentiellement constitué avec les personnalités qui avaient participé au Mouvement pour une Nouvelle Autonomie, en mettant l'accent sur les professeurs d'université liés à l'Université des Açores. Le changement de style de gouvernement et l'ouverture à de nouveaux secteurs sociaux devenaient évident.
Avec les nouvelles conditions de stabilité financière créées par le nouveau gouvernement régional, et avec la nette amélioration de la gouvernance qui s'est produite, la situation de récession a rapidement disparu. La reprise produisait une croissance annuelle importante.
Le 9 juillet 1998, un tremblement de terre a fait 8 morts et environ 1700 personnes déplacées sur les îles de Faial et Pico. Le processus de reconstruction, marqué par la prise en charge de la quasi-totalité des coûts par les deniers publics, compte tenu de la situation d'une majorité parlementaire de l'opposition, a marqué la vie politique régionale jusqu'en 2004.
En 2004, loi constitutionnelle du 24 juillet élargissait de façon importante les pouvoirs législatifs du parlement açoréen dans presque tous les domaines de la gouvernance, supprimant le concept de droit général de la république et le poste de ministre de la République. Toutefois le statut demeure encore en cours de révision. L'actuelle procédure législative a été déclenchée quand l'Assemblée législative régionale a approuvé, à l’unanimité, le 31 octobre 2007, la proposition de loi relative à la troisième révision du Statut des Açores. La tendance actuelle est à l'élargissement de l'autonomie politique et législative sur presque toutes les compétences qui ne relèvent pas des organismes de souveraineté de l'état portugais.
Finalement depuis l'obtention de son statut de région autonome, il y a maintenant près d'un demi-siècle, les Açores ont réussi une formidable avancée démocratique, sociale et économique. Ce qui aujourd'hui offre à l'archipel toute sa place dans notre monde moderne mais toutefois loin de son tumulte trépidant. Malgré encore des difficultés économiques, c'est une contrée paisible où le stress n'a pas franchi l'Atlantique. Il y fait vraiment bon vivre en prenant le temps. C'est très agréable et grandement appréciable...
Remarques :
- C'est au retour de son premier voyage, après sa découverte du Nouveau Monde fin 1492, que Christophe Colomb effectua une escale aux Açores, pour se reposer, lui et son équipage, avant son retour triomphal en Espagne.
- Le 16 mars 2003, le "sommet des Açores" réunit le président américain Georges W. Bush, le Premier ministre britannique Tony Blair, le président du gouvernement espagnol José Maria Aznar et le premier ministre portugais José Manuel Barroso afin d'évoquer la future intervention en Irak, à laquelle ils ont tous les quatre été favorables.
Petite histoire :
Au milieu de l'année 1811, à environ 2 km de la côte de São Miguel, une nouvelle île apparut. Mesurant une centaine de mètres de large sur 1,5 km de long, elle se forma en moins d'un mois. La frégate Sabrina, battant pavillon anglais, était alors dans la zone. Son officier commandant débarqua sur la toute jeune île encore fumante et y planta fièrement un Union Jack. Il baptisa l’île "Sabrina" et la proclama territoire anglais !
Lorsque la frégate de patrouille suivante arriva, malheureusement pour lui, il n’y avait plus aucune trace de l’île. En seulement quatre mois, l’océan l’avait engloutie ! Il n’en reste à présent qu’un banc de matériaux rocheux à 80 mètres de profondeur.
Quelques chiffres :
En superficie l'archipel fait 2.346 km² soit juste un peu inférieure au département du Rhône, à peine plus grand que le canton de Saint Gall en Suisse et un peu plus de 2,5 fois les surfaces des villes de Québec et Montréal réunies. Quant à la population totale, les îles compterait quelques 245.283 açoréens (104,55 habitants au km², données de 2016).
Les navires marchants phéniciens - VIIe siècle avant J.C.
L'autour des palombres (Açor) emblème du drapeau de l'archipel.
A Povoação, la plus ancienne église de São Miguel - XVe siècle.
São Miguel, une île vite remarquée pour ses terres très fertiles.
Plan de la ville d'Angra do Heroísmo, capitale de Terceira - 1602.
Débarquement des troupes espagnols à Terceira - Août 1583.
Acclamation publique de Jean IV de Portugal - 1640.
Palais des Capitaines Généraux à Angra do Heroísmo.
Ancienne carte des îles pour servir aux vaisseaux du Roi.
Introduction des plantations de thé à São Miguel en 1874.
Pose du premier câble sous-marin reliant Caiscas - 1593.
Statue érigée en l'honneur des émigrants vers les Etas-Unis.
La chasse à la baleine, activité vitale - capture d'un cachalot.
Sortie en mer pour l'observation des baleines - "wale watching".
Les portes de la ville de Ponta Delgada à leur position d'origine.
Débarquement des militaires britanniques à Terceira en 1943.
Les américains quittent leur base militaire de Lajes de Terceira.
La révolution des Œillets du 25 Avril 1974 renverse la dictature.
Manifestation de soutien à la révolution du 25 avril.
Manifestation à Ponta Delgada pour demander l'indépendance.
Les années 1980 marquent une nette amélioration de l'économie.
L'aéroport de Santana sur l'île de São Miguel, construit en 1939.
L'aéroport international actuel João Paulo II de Ponta Delgada.
Les Açores produisent + de 650 millions de litres de lait par an.
Et des fromages très réputés, tel celui de l'île de São Jorge.
Le drapeau des Açores avec ses 9 étoiles représentant chaque île.
Jusqu'en 1990, le réseau routier n'était même pas asphalté.
Désormais l'île de São Miguel compte des km de voies rapides.
A São Miguel + de 40% de l'électricité provient de la géothermie.
Les armoiries des Açores ont été adopté le 10 Avril 1979.
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